ÉDITO
Comme tu l’as ptetre remarqué, il y a de plus en plus d’évènements féministes dans le programme des Tanneries. C’est pas sans lien avec la dynamique nationale et internationale qui a commencé avec Me Too et les révoltes féministes des dernières années. À Dijon aussi, y’a comme une vague qui déferle sur la ville. De la création du collectif 25 novembre qui organise une pride radicale à l’arrivée des colleur.ses qui recouvrent les murs de slogans féministes, de l’organisation des discussions en ville sur l’homosexualité et la transidentité à la batucada en mixité choisie qui ambiance toutes nos manifs, cette vague nous emporte et traverse aussi les Tanneries. Chaque mois, on trouve dans le programme des AG féministes où s’organisent les luttes féministes à Dijon et des QG féministes, où tu peux venir zoner, faire du catch ou du karaoké, discuter féminisme ou écouter des podcasts sur la gestion des conflits. Ces évènements ont apporté un truc nouveau aux Tanneries : la mixité choisie.
La mixité choisie c’est un outil politique qui permet de s’organiser face à des systèmes d’oppression comme le patriarcat. Pourquoi on dit mixité choisie sans mecs cis, et pas non-mixité ? Bah c’est pas parce qu’il y a pas de mecs cis qu’il y a pas de mixité entre les personnes inclues dans ces espaces, y’a des différences de genre, de race, de classe entre nous qu’on tente aussi de prendre en compte, mais sans les mecs cis. La mixité choisie sans mecs cis, c’est pas une arme « contre » les dominants, mais une pratique « pour » les personnes opprimées. Elle permet de poser un cadre plus serein pour se retrouver entre personnes qui subissent le sexisme, l’homophobie ou la transphobie, pour lutter ensemble, s’organiser, libérer la parole, reprendre de la puissance, mais aussi pour renforcer nos liens et prendre soin de nous. Nous ne sommes pas les premier.es à nous organiser en mixité choisie, et d’ailleurs il y a d’autres mixités choisies : quand on y pense, les syndicats s’organisent en non-mixité de classe, sans patrons, mais c’est aussi le cas des Black Panthers, qui luttaient contre le racisme entre personnes concernées.
Aux Tanneries, ça a permis à de nouvelles personnes de venir, de prendre la parole en AG, de savoir où se trouvent les outils, d’apprendre à changer un fût, d’organiser des évènements. Les QG féministes c’est une nouvelle porte d’entrée , qui permet aussi de se sentir plus fort.es dans les espaces mixtes. Être un allié des luttes féministes, c’est forcément se réjouir qu’elles soient plus visibles aux Tanneries. Ce qui est troublant, c’est d’imaginer, de sentir, que cette pratique peut créer de la défiance, alors que c’est un processus qui est fait pour créer de la confiance pour les personnes qui la vivent. Parce que ce que ça change concrètement , c’est que plein de nouvelles personnes se sentent légitimes dans ce lieu, des meufs et des personnes trans et non-binaires, et ça c’est super ! Alors on s’est demandé qu’est ce que ça voulait dire d’être un allié des luttes féministes quand t’es pas directement concerné, et comment valoriser la puissance que la mixité choisie donne aux copaines dans les espaces mixtes plutôt que d’en avoir peur. Être un allié, un complice, ça peut être : donner du regard aux meufs et aux personnes trans/non-binaires quand iels prennent la parole, venir aux manifs mixtes du 8 mars, s’inscrire dans des teams qui prennent en charge les agressions dans les soirées, laisser de la place et transmettre son savoir, entendre les critiques avec empathie, prendre en compte ses privilèges quoi et se laisser emporter par la vague !
« Un jour la terre s’ouvre
Et le volcan n’en peut plus *
Le sol se rompt, on découvre des richesses inconnues
La mer à son tour divague de violence inemployée
Me voilà comme une vague vous ne serez pas noyé »
PROGRAMME DES ÉVÈNEMENTS
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