EDITO fevrier 2024
Les centres de rétention sont des prisons où l’État enferme les personnes qu’il considère comme irrégulières sur le territoire français parce qu’elles n’ont pas les « bons » papiers. Pendant 90 jours (voire plus, car les allers-retours entre CRA et maisons d’arrêt sont fréquents), des personnes sans-papiers peuvent y être enfermées sans avoir commis aucun crime ni délit, dans l’attente de leur expulsion vers des pays où iels n’ont parfois aucune attache. Les conditions d’enfermement y sont horribles et les violences policières, les insultes, le racisme, les maltraitances méciales et les atteintes à la dignité y sont quotidiens.
L’objectif de l’État est de maintenir ces personnes enfermées pour organiser leur expulsion, mais aussi pour leur faire subir les violences physiques et psychologiques inhérentes à l’enfermement. C’est la deuxième raison d’existence des centres de rétention : faire payer aux personnes immigré·es et/ou sans-papiers leur présence sur le territoire, les traumatiser, les dégouter, les torturer, leur passer l’envie de rester ou de revenir.
Pour mener sa politique ultra raciste et répressive incarnée actuellement par la loi Darmanin, l’État est en train d’augmenter ses capacités d’enfermement et d’expulsion, avec la construction et l’agrandissement de nombreux CRA partout en France. Des projets de construction sont en cours, et dix nouvelles constructions sont prévues à Oissel, Nantes, Béziers, Aix-en-Provence, Goussainville, Nice, Mérignac, Dunkerque, Mayotte et Dijon.
Ces 10 CRA s’ajouteront aux 25 existants en France et en outre mer. En 2023 déjà, un CRA de 90 places a été ouvert à Olivet, près d’Orléans, ainsi qu’un deuxième de 140 places à Lyon (en plus du CRA existant qui faisait déjà 140 places), et celui de Perpignan a été agrandi. En 2026, c’est celui de Bordeaux qui doit entrer en service, puis e 2027 au Mesnil-Amelot (en région parisienne, où se trouve déjà un CRA de 240 places). L’objectif du gouvernement est de doubler le nombre de places en CRA d’ici 2027 (3 000, contre près 1 500 en 2017), et de porter la durée maximale de rétention administrative de trois mois à dix-huit mois pour les « étrangèr·es en situation irrégulière fichés S ou délinquants ».
Il existe déjà des collectifs de lutte contre les centres de rétention dans différentes villes de France. L’ampleur de ces nouveaux projets nécessite une réponse forte, que des collectifs s’organisent dans les villes concernées, et se mettent en lien à l’échelle nationale, pour faire connaître ces projets et y résister.
Texte issu du collectif Lyon Anticra
Published by