Enfin. Nous revoilà avec ce programme de novembre, après presque 18 mois de pause publique, alors qu’une pandémie nous est méchamment tombée dessus, que les décisions politiques incohérentes se sont succédées et que la vie s’est tristement ralentie. Mais aujourd’hui, le virus n’envoie plus les gens par milliers en réanimation, et on est bien content·x·e·s : on peut réouvrir franchement les portes des Tanneries et vous accueillir pour débattre, boire un thé, écouter un concert, bidouiller de l’électronique ou zoner au soleil.
ça nous manquait tellement.
Bon. On est aussi super inquiet·x·e·s parce qu’aujourd’hui, en novembre 2021, on ne peut plus s’avaler un godet en terrasse, emprunter un bouquin dans une bibliothèque, s’inscrire à un sport en salle ou se faire une toile entre potes sans être forcé·x·e·s de sortir un « pass sanitaire », un QR code qui devient le sésame pour continuer à vivre. Par contre, aucun soucis pour aller s’agglutiner dans des centres commerciaux dépenser notre argent ou se serrer dans un bus ou un métro – il faut bien que l’économie tourne. Ce pass, c’est un nouveau pas vers une société de contrôle asphyxiante, qui coupe la population en deux, entre les bon·x·ne·s élèves, celleux qui acceptent ce contrôle
permanent, et les autres, minoritaires, qui ne peuvent s’y résoudre. ça fait qu’une partie d’entre nous – souvent les plus démuni·x·e·s, sommes totalement exclus des lieux de culture, des lieux de sociabilité, sensés être ouverts à toutes et tous sans distinction ni discrimination. Avec la généralisation de ce pass numérique, l’Etat réussit à faire accepter une surveillance quotidienne, alors que nos mouvements et les activités que l’on choisit sont irrémédiablement captés par le traçage numérique.
La plupart des gens s’est ainsi habituée à montrer son QR code pour tout et n’importe quoi, et même si on peut encore marcher dans la rue sans le sortir, on se demande parfois ce que sera la prochaine étape…
Celles et ceux qui animent des lieux camarades en Suisse parlent d’« apprentissage de la soumission imposé par l’Etat », et on n’aurait pas mieux dit. Une soumission bien plus facile à faire passer tant « l’incertitude et l’anxiété poussent à accepter des mesures qui nous aurait révoltées il y a quelques mois », disent-iels. C’est fou comme on peut vite s’habituer aux pires des scénarios.
Heureusement, il y a encore celles et ceux qui résistent dans les interstices. Alors on voulait les saluer. Bravo à toi, la bibliothécaire grenobloise en grève depuis fin août pour que ton lieu de travail reste un espace ouvert. Bravo à toi, serveur démissionnaire, qui n’a pas pu supporter l’idée de devoir contrôler tes propres clients. Clin d’oeil à vous, les salles de cinéma qui ont voulu réduire leurs jauges pour se soustraire à la règle et clin d’oeil aussi à tous ces lieux qui font vivre l’esquive et le contournement (on donnera pas les nom) et refusent d’activer le rôle de police qui leur est imposé.. Enfin, soutien à toi, salariée en galère qui ne peut pas se permettre de tout lâcher, et qui doit travailler dans ces conditions alors que chaque contrôle te fait violence. Continuons continuons. essayer de prendre de la place sur les murs et dans les rues, ne les laisser ni aux conspi ni aux fachos. resister encore dans les interstices.